Imaginez que vous êtes parachuté en Turquie, en Finlande ou en Chine sans connaître le moindre mot de la langue de ces pays Pour l'autiste, c'est la même chose : incapable de comprendre notre monde, il le ressent comme étranger, voire hostile, source d'angoisse.
Voilà pourquoi un si mystérieux handicap
doit être pris en charge d'une manière spécifique. C'est
ce que fait depuis 1978 l'Abri Montagnard, implanté au sud de Pau, dans
la vallée d'Aspe, qui fut l'un des itinéraires menant à
Saint-Jacques-De-Compostelle par le col du Somport.
En sommeil depuis plusieurs années,
un ancien aérium appartenant au ministère de l'Intérieur,
au lieu d'accueillir des jeunes " pulmonaires ", ouvrit sa porte à
des adultes autistes. Cinq ans plus tard, le foyer de vie d'Osse-en-Aspe essaima
dans un village voisin, Bedous. Au total, 60 handicapés trouvèrent
ainsi un " chez soi " dans les deux établissements.
C'est grâce au feu vert donné
par Mme Simone Veil (à l'époque ministre de la santé) que
des parents groupés au sein de l'A.S.I.T.P. (Association au service des
inadaptés ayant des troubles de la personnalité), aujourd'hui
Fédération Sésame-Autisme, purent mener à bien ce
projet ambitieux. Parmi ces parents, Paulette Foueillis joua un rôle déterminant.
Après d'indispensables aménagements,
chaque résident disposa d'une chambre individuelle tandis que s'instaurait
dans les deux foyers un certain style : prise en charge éducative et
affective par la mise en place d'apprentissages structurés et de projets
éducatifs individualisés (notamment au moyen du programme TEACCH
), d'ateliers diversifiés (sans aucun but de rentabilité) et de
loisirs adaptés
Tout cela suppose la formation, à
la fois théorique et sur le terrain, de personnels capables, selon la
classification internationale, d'apporter une " assistance spécifique
à la personne handicapée adulte atteinte d'autisme ou d'autres
troubles du développement apparentés ".
Voilà donc plus de vingt-trois
ans que l'association de parents veille de près au bon fonctionnement
des deux foyers de vie. Elle est pleine d'espoir pour l'avenir car les frères
et surs des pensionnaires (la " fratrie ") s'impliquent d'ores
et déjà dans la vie de l'Abri Montagnard, belle réalisation
qui a transformé la vie d'une soixantaine de familles en travaillant
au mieux-être d'autant de handicapés.
M. Dupire (parent, membre fondateur
de " l'Abri Montagnard ")